Claudine Aeschbach
Membre du comité de la SSPA
Gerhard Ebner
Membre du comité de la SSPA
Monika Hermelink
Membre du comité de la SSPA
Mounira Jabat
Membre du comité de la SSPA
Michael Liebrenz
Membre du comité de la SSPA, Université de Berne*
Ralph Mager
Président de la Société suisse de psychiatrie d’assurance (SSPA), membre du comité de la SSPA, Université de Bâle
Beate Martin
Membre du comité de la SSPA, Suva
Roman Schleifer
Membre du comité de la SSPA
Parmi toutes les disciplines médicales, la psychiatrie est incontournable lorsqu’il s’agit d’établir des expertises à l’intention des assurances visant à déterminer les restrictions liées à la santé des personnes concernées. Les collectes de données et les rapports de l’OCDE (OCDE 2012, OCDE 2014) font état d’une augmentation exponentielle des coûts relevant des troubles psychiques dans la société. À cela s’ajoute que les jeunes sont de plus en plus affectés. De ce fait, ces questions investissent toujours plus l’agenda politique, sans pour autant que la société semble vraiment en mesure d’y apporter des réponses. Les expertises et l’évaluation de personnes atteintes de maladies psychiques exigent un niveau élevé de compétences en psychiatrie d’assurance. Du point de vue de la SSPA, différentes évolutions indésirables mettent à mal la garantie de ces compétences.
Enseigner les connaissances et encourager la relève
Le législateur a récemment mis en place différentes mesures relatives à la qualité des expertises, dont notamment la création de la Commission fédérale d’assurance qualité des expertises médicales (COQEM). Or l’asymétrie des mesures prises jusqu’à présent laisse songeur face aux activités, importantes et coûteuses, que nécessite la mise sur pied d’un catalogue de mesures voulu sur le plan politique. Pour l’heure, aucune approche ne se dessine afin de garantir la qualité de la formation universitaire des médecins dans le traitement des questions relevant de la psychiatrie d’assurance. Dans les faits, la Suisse parvient de moins en moins à maintenir les conditions nécessaires à l’enseignement de ces connaissances dans les universités et à attirer les nouvelles générations de médecins dans ce domaine important. Cette lacune se manifeste également par la difficulté des jeunes médecins à réaliser les expertises requises pour leur formation avec une supervision compétente, et ce même dans les cliniques universitaires et les hôpitaux publics. À l’opposé des améliorations souhaitées sur le plan politique, les fermetures de centres universitaires et publics dédiés aux expertises médicales ont un impact (qualitatif et quantitatif) significatif sur la formation postgraduée et continue. Le cadre financier des hôpitaux ne leur permet pratiquement plus d’exercer ces activités, et aucun concept de remplacement n’existe. Cela vaut en particulier pour les expertises dans le domaine de l’AI, que les institutions publiques devraient pouvoir être largement en mesure de proposer afin de garantir la même impartialité à toutes les parties.
Aucune approche ne se dessine afin de garantir la qualité de la formation universitaire en psychiatrie d’assurance.
Ancrage dans les universités En tant que société de discipline médicale (Société suisse de psychiatrie d’assurance, SSPA), nous appelons de nos voeux et estimons nécessaire de reconsidérer la place de la psychiatrie d’assurance dans les universités. Il est indéniable que le domaine de la psychiatrie d’assurance souffre d’une grave carence structurelle dans les facultés de médecine de nos universités. Cette carence altère la qualité, et notamment le fond des expertises psychiatriques et donc l’équité des procédures d’évaluation. Pour atteindre l’amélioration de la qualité souhaitée sur le plan politique, il est indispensable de garantir un soutien structurel durable aux institutions de formation postgraduée. Promouvoir la qualité avec pertinence exige aussi de créer les conditions structurelles requises.
Nous appelons de nos voeux et estimons nécessaire de reconsidérer la place de la psychiatrie d’assurance dans les universités.
Correspondance
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* Conflits d’intérêts : Michael Liebrenz est président de la COQEM et membre du comité de la SSPA. La présente prise de position reflète l’opinion du comité de la SSPA. Les opinions et positions de la COQEM n’en sont pas affectées.