FMH, organisation professionnelle
 

Télémédecine : aide-mémoire de la FMH

Numérisation La télémédecine s’est fortement développée durant la pandémie en ­raison de l’urgence mondiale et fait désormais partie de la pratique clinique. Mais comme pour toute innovation, il est nécessaire d’établir des règles claires pour en assurer la qualité et la sécurité et renforcer la confiance des utilisatrices et ­utilisateurs.
Dr méd. Olivier Giannini
p.-d., membre du Comité central de la FMH

Dr méd. Olivier Giannini  
p.-d., membre du Comité central de la FMH

En 2016 déjà, l’Organisation mondiale de la santé a défini la télémédecine comme la fourniture de services de santé à distance, de quelque nature qu’ils soient, avec l’appui des technologies de l’information et de la communication [1]. La Société suisse de télémédecine & eHealth (SSTMeH) a quant à elle proposé une définition plus technique, mais le principe reste le même : consultation médicale et/ou traitement sans présence physique directe avec l’appui des technologies de l’information et de la communication [2]. Aujourd’hui, après avoir passé la phase pionnière, la télémédecine est implantée dans la pratique quotidienne des cabinets médicaux, bien au-delà des seuls centres spécialisés. L’éventail des possibilités s’élargit de jour en jour : télédiagnostic, télémonitorage, télépsychiatrie, téléréadaptation et même téléassistance à domicile.
La révision du Code de déontologie de la FMH, adoptée le 8 mai 2023, a tenu compte de cette évolution de la téléconsultation médicale en inscrivant la télémédecine dans le droit professionnel. Grâce à cette modification, les médecins peuvent décider eux-mêmes si un traitement par télémédecine est possible ou si une consultation sur place est nécessaire. Une étape importante qui répond à l’évolution de la pratique clinique, mais implique également de nouvelles responsabilités : connaître les lignes directrices nationales et internationales, adapter les processus opérationnels et traiter la question de la facturation qui est loin d’être marginale. Pour que la télémédecine ne reste pas un ensemble hétérogène d’initiatives isolées, il est nécessaire de franchir une étape supplémentaire afin de définir un cadre commun, d’assurer une gouvernance transparente et de définir des responsabilités claires. Sans cela, nous risquons de perdre la confiance des utilisatrices et utilisateurs et, partant, d’entraver l’introduction d’outils qui pourraient grandement faciliter l’accès aux soins.

Accessibilité et durabilité : les deux principaux défis
La télémédecine ne doit pas devenir un privilège réservé à celles et ceux qui ont le temps, qui en ont les moyens ou qui disposent de compétences numériques élargies. Elle ne doit pas générer de nouvelles inégalités. Il faut promouvoir les compétences numériques dans le domaine de la santé, y compris celles des professionnelles et professionnels de santé : nous ne pouvons pas partir du principe que tout le monde est déjà prêt. L’infrastructure, l’interopérabilité et l’accessibilité sont aussi des éléments clés. Les systèmes doivent pouvoir communiquer entre eux et les données circuler de manière sécurisée sans obstacles technologiques, idéologiques ou économiques. La durabilité économique joue également un rôle très important, car sans un cadre tarifaire stable et clair, la télémédecine risque de devenir un privilège dont seuls quelques pionniers ou patients particulièrement motivés pourront bénéficier.
Conformément à la stratégie 2025 – 2028 de la FMH, la télémédecine doit également viser des objectifs concrets en termes d’efficacité et d’utilité.

Une boussole pour le changement : l’aide-mémoire de la FMH
L’aide-mémoire sur la mise en œuvre de la télémédecine donne un aperçu des aspects qui, au niveau du processus de la consultation médicale, diffèrent de la consultation et du traitement classiques en présentiel. L’aide-mémoire fait office de guide et vise à ce que la télémédecine soit pratiquée dans le respect des dispositions légales et éthiques. Conçu à titre de recommandation, il est destiné à aider le corps médical à répondre aux questions et aux procédés les plus fréquents en lien avec la télémédecine. Il s’adresse plus spécifiquement aux médecins qui ont l’intention de proposer des services de télémédecine en cabinet médical et ne cible pas les services de télémédecine ou les centrales téléphoniques d’urgence. Vous en découvrirez davantage en lisant un résumé à ce sujet dans le présent numéro du BMS. L’aide-mémoire peut être consulté sur le site internet de la FMH [3].

Références

  1. Référence OMS https://www.who.int/publications/i/item/9789240059184
  2. Denz M. Telemedizin in der Schweiz. Therapeutische Umschau. 2015 Sept ;72(9):581-585
  3. Référence FMH https://www.fmh.ch/fr/themes/ehealth/telemedecine.cfm